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Le long couloir à droite est sombre.

Il mène du petit hall d'entrée au salon bleu.
En hiver on y sent toujours un courant d’air glacé.
Le téléphone orange sonne, dans le fond.

Tout le monde est parti.

Le plat ovale en grès sur la table me rappelle Odile.
Les mois d’été, quand nous passions quelques jours ici, elle s’en servait de saladier.
Je me souviens du vert des feuilles contre les parois grises.

Et de ses mains, de chaque côté.

Dehors, le lac se plisse et ondule.

Traverser le salon puis jeter un œil sur la grande cour.
La lumière faiblit.

Les derniers rayons du jour tirent des arcs dorés contre le portillon du potager.
Je crois qu’il reste des cigarillos dans le tiroir du petit secrétaire.

Les franges du tapis persan font des nœuds.

Thomas s’est encore assis sur l’accoudoir de la bergère.
Les bras croisés, il écoutait Romain parler du pont de Mertenin.
Personne n’osait l’interrompre.

J’entends les pas de Marthe sur le gravier, elle revient.

L’omelette au pomme sera meilleure avec un peu de rhum.
André y ajoutait du thym, et la servait avec une tisane de sauge.
Son rire me revient, parfois.

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