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Lucienne, elle s’appelait.
Secrétaire au département d’anglais de la faculté du Mirail. Toulouse. 1998.

Elle écoutait nos questions avec une expression de défiance doublée d’une pesante lassitude.

L’œil gris, péniblement hissé au dessus de binocles à chaînettes plastiques.
Pull saumon, bouloché.
Jupe droite brune, trop serrée.
Souliers rouges en cuir, bien lacés.
Parfum capiteux, bon marché.
Un brin grimaçante, comme si chaque geste, chaque mouvement lui coûtait.

Elle laissait toujours planer un silence exaspéré après chacune de nos interrogations.

Et lorsque enfin nous pensions le supplice terminé, lorsque enfin la réponse semblait arriver, elle lâchait dans un soupir accablé : « Numéro d’étudiant?... »
Timidement, nous égrainions le précieux sésame.

Elle nous interrompait alors dans un lent et douloureux « Gisèèèle...», beuglement de détresse caractéristique, appelant sa collègue à la rescousse.
Lulu, on l’appelait.
Lulu La Terreur...

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